Numéro coordonné par Laurent Perez
« Tout commence dans une salle d’archive devant un écran noir sur lequel s’affiche un intertitre en blanc : Action of LSD in dogs and cats. From the Department of Pharmacology Sandoz Ltd. Pas de générique, mais un second intertitre avec une liste de symptômes : Anxiety reactions, pupillary dilatation, Salivation […], Pilomotor reaction (cat). Le cas du chat (Normal cat ♂ 2,5kg) apparaît au bout de quatre minutes environ, à la moitié de la durée complète du film scientifique en noir et blanc vraisemblablement daté du tout début des années cinquante. Note reaction of the cat to the mouse. Dans une cage de verre, un chat bondit sur une souris blanche qui a été déposée par un monsieur en blouse blanche dont on ne connaîtra jamais le visage car ni le cadrage ni l’intention du film ne l’autorisent. Nouvel intertitre : Effect of 50 mg/kg LSD. Le chat est hagard. Il tourne dans la cage comme la panthère de Rilke, le poil dressé (le fameux réflexe pilomoteur). Il attrape quand même la deuxième souris, mollement, et la mange. 60 mn after LSD. Le même chat couché sur le flanc dans un abandon ostentatoire, quoiqu’un peu haletant, considère avec indifférence la troisième souris qui, contrairement aux précédentes, ne passera pas sous nos yeux de vie à trépas. La survivante, attachée à un fil par la queue pour un nouveau genre de théâtre de marionnettes, cruel à la façon de Kleist, grimpe sur le chat, redescend, et laisse sa queue s’emmêler dans les vibrisses du prédateur. Un peu plus tard, si elle s’approche trop, il a peur. » M. P.