Il y a cinquante ans mourait Georges Bataille. L’anniversaire a été discret. Parler de Bataille, il est vrai, n’est pas aisé. Et l’honorer, c’est peut-être édulcorer sa pensée, comme lui-même le disait de Sade.
Critique, quelques mois après la mort de son fondateur, lui avait consacré un numéro spécial qui reste un incontournable témoignage sur sa « situation » en France au milieu des années soixante (« Hommage à Georges Bataille », n° 195-196, août-septembre 1963).
Le choix fait ici, en 2013, est tout différent : c’est celui du grand écart entre le Bataille des années trente et le Bataille du IIIe millénaire, entre le cénacle du Collège de sociologie et le collège planétaire de ses lecteurs d’aujourd’hui.
Ce numéro revient d’abord sur l’énigmatique matrice que fut le Collège de sociologie. Denis Hollier, Georges Didi-Huberman, Laurent Jenny, Dominique Kunz Westerhoff, Philippe Roger, ainsi que Muriel Pic et Pierre-Antoine Fabre (qui ont conçu ce premier volet) se penchent sur ce petit monde, ce monde éprouvette, où Bataille, Caillois et Leiris mélangent d’étranges potions devant un public fasciné ou rétif. On découvrira dans ce dossier les témoignages (pour partie inédits en français) d’un auditeur exigeant, Walter Benjamin, et d’une auditrice éblouie, Édith Boissonnas.
Le second volet du numéro se tourne résolument vers l’actualité et s’ouvre au vaste monde. La silhouette de Bataille s’y découpe sur des horizons intellectuels bien différents de ceux du Collège. À l’étranger, cinq pays surtout ont fait accueil à Bataille : l’Allemagne (Marcus Coelen), les États-Unis (Stefanos Geroulanos), l’Italie (Yves Hersant, Franco Rella et Susanna Mati), le Japon (Nakaji Yoshikazu), la Russie (Elena Galtsova). Et c’est en France, tout de même, que s’achève ce tour du monde (Jean-François Louette).
2013
192 p.
ISBN : 9782707322791
14.50 €